Vitaly Malkin
  • Projets
  • Engagements
  • Livres
  • Articles
  • En --
    FR

Face au changement climatique, réaffirmer la puissance du génie humain 

    Autant vous l’avouer : je ne me suis jamais défini comme un fervent écologiste. Comme pas mal de monde autour de moi, j’ai mis du temps à prendre conscience de l’importance de l’enjeu climatique. Question de génération. Sans doute aussi une question de parcours : je suis né dans un monde où les privations allaient de pair avec le despotisme. Il était normal qu’en retour, la liberté devienne pour moi synonyme d’abondance. Et la Russie semblait si vaste, et ses ressources illimitées… 

    Pourtant, il y avait eu un avertissement, et quel avertissement : en 1986, l’explosion de la centrale de Tchernobyl a montré ce que pouvait signifier une catastrophe provoquée par l’homme. Mais à l’époque, la plupart des habitants de l’ancien espace soviétique ont perçu cet événement davantage comme un énième mensonge d’Etat, un signe terminal de l’incurie du système, que comme une preuve de ce que les hommes étaient capables d’infliger à la nature. 

    Difficile, aujourd’hui, de nier la réalité du changement climatique. Les mégafeux sont une réalité. Les super-typhons aussi. Tout comme la montée des eaux, la perturbation des cycles de la nature et la disparition rapide d’une partie de la biosphère. C’est un problème aux ramifications multiples auquel nul ne peut être insensible. Trouver des solutions pour limiter le réchauffement climatique et faire face à ses conséquences va nous occuper pendant des décennies. L’enjeu réclame qu’on y consacre des moyens considérables, intellectuels, matériels et financiers. 

    Les innovateurs sont une des solutions au problème 

    Il se trouve que je réside à Monaco une bonne partie de l’année. J’ai eu l’occasion il y a quelques semaines de participer à un forum consacré à la transition énergétique. L’occasion pour moi de découvrir des actions menées pour résoudre des problèmes concrets, loin des discussions théoriques et des querelles de plateau.

    Vous me direz : il s’agit de Monaco. Un paradis pour milliardaires dont les habitants  flottent au-dessus du commun des mortels dont ils n’ont que faire. A ceci près que Monaco n’est pas une enclave isolée des problèmes du monde. Sa localisation l’expose à des pics de chaleur de plus en plus violents. Son ancrage maritime le rend comptable de la biosphère. Sa forte densité invite les urbanistes à toujours plus d’innovation. Qui plus est, sa faible superficie oblige ses gouvernants à penser les choses dans la dépendance, l’échange, l’interconnexion. Ça me coûte un peu de l’écrire, moi qui suis un grand défenseur de la liberté individuelle, généralement rétif aux contraintes. Mais en l’occurrence, il s’agit plutôt d’adaptations. Et l’individualisme n’exclut pas le souci du bien commun. Et au risque de démolir certains fantasmes, je n’ai pas de place réservée dans une capsule spatiale au cas où les choses tourneraient mal pour cette planète.  

    J’en viens à ce forum sur la transition énergétique. Ce fut pour moi l’occasion de rencontrer des ingénieurs de talent. Des inventeurs qui ouvrent la voie vers un monde décarboné, à partir de recherches dont, hélas, pas grand-monde ne parle. Sans doute à cause d’un désintérêt des médias pour les questions scientifiques (pardon, j’oubliais, il y a eu le Covid, depuis nous sommes tous devenus hyper calés en épidémiologie). Sans doute aussi parce qu’il est plus facile pour les journalistes de faire de l’audience avec des scénarios catastrophe que de s’intéresser aux progrès réalisés concrètement dans le secteur de l’énergie. 

    Qui parle des progrès réalisés grâce aux technologies ? 

    Qui a entendu parler de cette expérience de fusion nucléaire menée avec succès par des chercheurs du MIT à l’automne dernier ? Si cette percée se confirme, ce serait  une révolution majeure. La promesse d’une énergie propre à partir d’une ressource pratiquement illimitée, et d’un début de solution à nos problèmes. Une autre personnalité dont l’action mériterait d’être mieux connue, c’est Pâris Moratoglou. Cet ingénieur qu’on présente comme le vétéran des énergies vertes a créé coup sur coup deux pépites qu’il a ensuite revendues à des grands opérateurs. Mais qui en France connaît son nom ? Et combien sont-ils comme lui, à oeuvrer pour promouvoir des énergies alternatives dans la plus grande discrétion ? 

    Pour servir au mieux ce débat qui va nous occuper pendant des décennies, ce serait utile que les médias fassent davantage de place à la science et aux technologies (au-delà des polémiques du type « pour ou contre les éoliennes » ou « pour ou contre le nucléaire »). Ce serait aussi une bonne chose que plus de voix s’élèvent pour réaffirmer la force de l’imagination, de la raison et de l’intelligence humaine.

    Dans Don’t Look Up !, le carton Netflix du moment, l’ingénieur milliardaire qui propose de déployer une technologie innovante pour détruire l’astéroïde est présenté comme le responsable en dernier ressort de la catastrophe. C’est de bonne guerre. On peut rire de tout. Sauf qu’en peignant ce personnage comme un mégalomane cupide, infantile et égoïste, on jette le discrédit sur tous les innovateurs. C’est un peu comme s’il y avait, d’un côté, les gentils scientifiques lanceurs d’alerte et de l’autre, les mauvais scientifiques (qui plus est capitalistes) qui misent sur la technologie pour résoudre les problèmes. 

    J’ai le sentiment qu’aujourd’hui, le discours est dominé par les alarmistes, les luddites, les décroissants, ceux qui nous promettent de la sueur, du sang et des larmes, sans pour autant nous garantir la victoire finale. Quelqu’un comme Greta Thunberg passe pour une héroïne, une sainte à la Jeanne d’Arc, mais quand j’entends ses diatribes, je pense surtout à Savonarole. Le monde qu’elle nous promet, je n’ai pas envie d’y vivre. Toute politique adoptée pour faire face au défi environnemental sera synonyme de régression si elle retire aux hommes et aux femmes la possibilité de vivre, de jouir et de s’épanouir sans se voir opposer en permanence la colère de Gaïa (et de ses porte-parole autoproclamés). La question climatique ne doit pas être l’occasion pour des idéologies égalitaristes repeintes en vert de revenir sur le devant de la scène. Sinon, on risque d’ajouter l’oppression à la catastrophe.Après tout, je sais de quoi je parle : je suis né dans un monde où les privations allaient de pair avec le despotisme.

    Les articles

    Tous les articles
    Rejoignez des milliers de libres penseurs

    Recevez gratuitement, en avant-première, nos nouvelles publications

    Partagez vos réflexions et commentaires avec nous sur Facebook !

    Abonnez-vous à la page de Vitaly

    2021 - Mentions légales