Vitaly Malkin
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Les premiers doivent rester les premiers ! 

    Photo by Markus Spiske

    Photo by Markus Spiske

    Le monde contemporain peut être dur, concurrentiel voire broyer et écraser certains d’entre nous. Il y a de bonnes raisons de se révolter contre cet état de fait, et j’aspire, moi aussi, à une meilleure égalité des chances entre les hommes. Mais le désir d’égalité doit-il aboutir à l’abolition de toutes les hiérarchies ?

    « Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers ». Ces mots, issus de l’Évangile selon Saint-Mathieu (20, 16) m’ont toujours autant fasciné que laissé perplexe. Comment est-il possible que les derniers soient les premiers et inversement ? Faut-il imaginer un moment définitif et irréversible de l’histoire du monde où tous les hommes sont sauvés, et où tous ceux qui ont été humiliés et blessés durant leur vie terrestre reçoivent leur récompense pour avoir docilement souffert ? Rien de moins !

    Aussi séduisant que cette promesse puisse paraître à ceux qui pensent que tous les hommes sont interchangeables, pour ma part je préfère me passer d’un tel horizon. Je pense qu’une telle conception des choses correspond à la fin des hiérarchies naturelles, et donc au refus de distinguer ce qui est bon et beau, de ce qui est mauvais et laid.

    Aujourd’hui, la haine des hiérarchies est manifeste. Le politiquement correct, le « wokisme », l’islamo-gauchisme ou encore la pensée « décoloniale » : l’inspiration profonde de tous ces mouvements est purement chrétienne.  Pour la première fois dans l'histoire, la rébellion des faibles est parvenue à tous ses objectifs, à savoir que le jour du Jugement dernier est arrivé́ avant l'heure et les forts n'existent plus. Dans sa Généalogie de la morale, Nietzsche nous avait pourtant déjà mis en garde contre la transformation de la faiblesse en vertu et en démocratie. « Les valeurs des faibles sont prépondérantes parce que les chefs les ont adoptées et s’en servent pour conduire les autres ». C’est une lecture qui se prête bien à ce qui arrive aujourd’hui à notre civilisation. Il est, en effet, plus aisé de tabler sur les bons sentiments des masses pour impétrer leur assentiment. C’est que le cœur n’a jamais tort…

    Il ne reste plus que les faibles. Vous pensez que j’exagère ?

    La fin des hiérarchies

    Imaginez maintenant que vous alliez au stade Santiago-Bernabéu de Madrid pour assister à un match de football Real Madrid contre FC Barcelone. Vous attendez cet événement depuis plusieurs mois et avez payé cher votre place. Vous vous dites que vous êtes dans le saint des saints, voir s’affronter deux des meilleures équipes de football du monde. Bref, vous vous attendez à un moment exceptionnel de votre vie !

    Imaginez maintenant que, dans ce même lieu, à ce même moment, au lieu du Réal de Madrid et du FC Barcelone, vous voyiez arriver deux équipes de clubs amateurs locaux, venus jouer ce match à la place de ces équipes exceptionnelles. Quelle sera alors votre réaction ? Vous serez au mieux déçu, ou sinon (légitimement) révolté contre cette mascarade ! Et imaginez encore que, face à votre protestation, l’on vous réponde : « Oui, mais nous sommes tous égaux, ces petites équipes ont aussi le droit de jouer au stade Santiago-Bernabéu de Madrid, car il ne faut pas faire de discriminations. »

    Voilà ce à quoi mène, assez logiquement, cette pensée selon laquelle les premiers seront les derniers. Il n’y a plus de premiers ; il n’y a plus que les derniers qui ont droit à tout, peu importe leurs compétences et capacités.

    La force de l’effort

    Je pense que cette logique est non seulement idiote, mais encore désadaptée, et inapte à rendre compte de ce qu’est la nature humaine.

    On a vu ainsi nombre de polémiques se concentrer sur la question du corps des femmes. Cela a été manifeste à propos des « anges » de la marque de lingerie Victoria Secret. Des femmes, exceptionnellement belles et bien proportionnées, défilent et montrent fièrement leur corps dans des tenues explicites. Lorsque je regarde ce défilé, je ne peux m’empêcher d’être saisie d’admiration devant la beauté exceptionnelle de ces femmes. Je peux donc bien établir une hiérarchie entre ce que je vois d’exceptionnel et ce que je vois de commun.  Pourquoi vouloir « déboulonner » ces belles femmes au lieu de les admirer et d’y voir une inspiration ?

    Pour ma part, lorsque je me regarde aujourd’hui dans le miroir, je dois me confronter à cette réalité : je ne suis pas ce qu’on appelle un « beau gosse ». J’ai plus de soixante ans, je suis ridé et chauve, je n’ai pas le sex appeal de Brad Pitt. J’accepte bien volontiers cette réalité évidente : je ne suis pas le plus bel homme du monde. Mais aussi, par ce que je l’admets volontiers, il existe plus beau que moi ! En effet, nous aimons profondément ce qui nous dépasse, nous admirons ce qui est meilleur que nous. C’est même ce qui nous pousse à nous surpasser. Pourquoi ne resterais-je pas chez moi, assis sur mon canapé ? Après tout, j’en ai la possibilité, et il n’y a rien de répréhensible à cela !

    Reconnaître que l’on peut hiérarchiser les choses, c’est tout simplement reconnaître le monde comme il est. Le commun est et bien… commun tandis que l’exceptionnel, ce qui sort de la norme est très rare et donc plus intéressant ! Et c’est précisément cela qui nous pousse à devenir meilleur, à révéler notre potentiel, à persévérer dans nos vies, dans notre être !

    Les chimères de l’égalité

    Soyons réalistes. Les hommes ne sont pas égaux. Ou plutôt, ils ne peuvent pas être égaux en tous points. Être beau, par exemple, n’est pas donné à tout le monde (j’en suis un exemple !). Mais, comme cela arrive souvent, il y a des gens qui ont de la chance d'être beaux, d'autres d'être intelligents, ou encore, d'autres d'avoir du tempérament ou d'être bon vivant.

    En prenant conscience de cette réalité élémentaire du monde, il est possible de développer une motivation puissante, nécessaire pour réussir et surtout s’épanouir dans la vie : car au fond, qu’est-ce que réussir sinon s’épanouir ? Si au contraire, on refuse cet état de fait, cela nous mène au contraire à une vie vécue comme une série d’injustices personnelles, de discriminations, d’expériences du mépris, de mises en cause de la valeur de soi.

    La promotion de l'égalité́ des chances, absolument nécessaire à mes yeux, ne doit donc pas entraîner une croisade contre ceux qui travaillent, qui ont du talent et ont réussi à le développer grâce à leur persévérance.

    L'histoire connait un très grand nombre d'exemples, lorsque les vaines tentatives d'imposer une égalité́ artificielle se terminaient, tôt ou tard, par une aigreur généralisée, mais aussi et surtout par la violence. Ces « passions tristes » de l’égalitarisme ne mènent l’homme qu’à son propre amoindrissement. Reconnaître la beauté et la grandeur de ce qui nous dépasse n’est en rien une insulte faite à notre être, mais doit au contraire être pour nous une profonde source d’inspiration.

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